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En Italie, à Brescia et ailleurs, autour de la grue et sur la grue, la lutte continue

A Brescia, cela fait maintenant plus de 2 semaines*, depuis le 30 octobre, que des hommes vivent perchés à 30 mètres de hauteur sur une grue pour avoir ces fameux papiers sans lesquels un être humain risque à tout moment d'être arrêté, emprisonné pendant 6 mois minimum et expulsé.
Ils étaient 6 au départ, 2 sont redescendus en fin de semaine dernière. Sing, tout d'abord., qui à sa descente a tété arrêté pour être expédié en centre de
rétention comme l'avaient été 12 de ses camarades arrêté lors d'une des manifestation de soutien sous la grue la semaine dernière. Et puis finalement, sous une idée du ministre maroni, le destin de Sing a été changé et il a été décidé de l'exhiber dans une conférence de presse au cours de laquelle a été annoncé qu'il bénéficierait d'un permis de séjour temporaire en attendant son procès pour délit de séjour irrégulier. Lors de cette conférence de presse Sing a lancé un appel public à ses compagnons restés sur la grue pour qu'ils redescendent sans crainte des conséquences. Précisions : depuis sa redescente sur terre Sing est accompagné 24h sur 24 par un médiateur Indien qui a déclaré que « Sing a voulu être là pour témoigner que toute la communauté indienne agit dans la totale légalité. Il a déjà réussi à joindre ses parents en Inde, ils sont tous contents que cela se soit bien terminé, qu'il ait compris qu'il se trompait. » Entre pression communautaire et chantage des autorités italiennes, quel est l'espace de liberté de Sing.
Par ailleurs, il semblerait que la préfecture de Brescia fasse pression sur Sing, mais aussi sur les autres occupants de la grue, dont Papa** le second qui en soi redescendu, afin de savoir quels sont les Italiens qui les auraient convaincus de se lancer dans ces actions de protestation***.
En bas, la mobilisation continue. Tout d'abord, celle de toutes celles et ceux qui sont solidaires des occupants de la grue et de leur combat. Il s'agit entre autres de parvenir à ravitailler les 4 occupants de la grue et pour cela de devoir négocier avec les autorités qui ont bien compris que sans vivres ils ne tiendraient pas longtemps. Par ailleurs, rassemblements et manifestations se succèdent, que ce soit à Brescia même ou dans d'autres villes d'Italie, comme Bologne, Turin ou Milan où depuis le 5 novembre, plusieurs sans-papiers occupent une tour avec les mêmes revendications.

Évidemment cette mobilisation importante, s'accompagne d'une forte répression.Ainsi, après les charges policières et les arrestations qui ont eu lieu lors de la manifestation de lundi dernier, d'autres actes de répression ont eu lieu. A Brescia, tout d'abord, au cours de la manifestation de samedi, lors de laquelle plusieurs personnes ont été arrêtées. Et puis à Turin aussi où, samedi, une petite manifestation spontanée de solidarité concomittante à celle de Brescia s'est déroulée dans les rues du quartier populaire de la ville afin d'informer les gens de la lutte qui se déroule à Brescia. Alors que l'accueil des habitants du quartier était comme d'habitude chaleureux, le petit cortège est tombé nez à nez avec 3 voitures de carabiniers qui les ont pris à partie et ont appelé des renforts qui sont arrivés très rapidement. Les camarades ont alors été tabassés et matraqués au milieu de la rue malgré les protestation des passants. Suite à cela, 5 personnes ont été emprisonnées en vue d'une comparution immédiate. Dès le lendemain, une manifestation, plus importante numériquement, a de nouveau été organisée dans le quartier où se sont déroulés les faits, à la foi pour continuer la mobilisation et l'information par rapport à la lutte en cours à Brescia et pour recueillir des témoignages par rapport aux arrestations de la veille.

Cette répression touche aussi bien sûr et avant tout les sans-papiers eux-mêmes et ainsi, via le consulat d'Egypte, est arrivée l'annonce de l'expulsion imminente de ceux qui après leur arrestation lors de la manifestation de lundi dernier avaient été envoyés dans les centres d'identification et d'expulsion (CIE) de Milan, Turin et Gradisca. En riposte, un rassemblement devant le consulat d'Egypte est prévu aujourd'hui à Milan.
Concernant les occupants de la grue, à qui différents émissaires religieux et
syndicaux (cgil) demandaient cette nuit de redescendre en échange de vagues
promesses que leur aurait faites la préfecture de Brescia, voilà ce qu'ils leur ont répondu :« N'emmenez pas les gars enfermés dans les CIE qui risquent l'expulsion immédiate où nous nous fâcherons »


*La lutte des immigrés déboutés des lois de régularisation par le travail de 2009 a commencé depuis bien plus de 2 semaines et à Brescia cela faisait 2 mois qu'un rassemblement permanent avait lieu pour dénoncer cette situation.Il faut savoir que tous les déboutés de cette loi de régularisation ont déboursé plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d'Euros pour pouvoir constituer et déposer leur dossier finalement rejeté.

**Concernant Papa, la situation de ce dernier , bien qu'il soit sans papiers, semble moins l'exposer à un risque d'expulsion immédiate et il est sans doute moins soumis à la pression.

***en Italie comme ailleurs, les autorités pensent que les étrangers sont trop bêtes pour décider eux-mêmes de leurs affaires, la même chose s'était notamment produite en France après l'incendie de Vincennes et des responsables politiques étaient allés rechercher des responsabilités extérieures parmi les "soutiens"


Parmi les différentes sources d'infos :

http://www.autistici.org/macerie/

http://italy.indymedia.org/

http://www.radiondadurto.org/2010/11/siamo-tutti-sulla-gru-diretta-del-sedicesimo-giorno/

http://www.bresciaoggi.it/stories/Cronaca/201048__ore_22.30_il_dialogo_si_riapre_oggi_la_risposta_dei_4_sulla_gru/

http://www.echoroukonline.com/fra/actualite/7392-italie-des-harragas-menacent-de-commettre-un-suicide-collectif.html
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